Le 26 janvier 2024 la Chambre des Représentants a voté en faveur d’un projet de loi concernant les jeux de hasard, suscitant un débat houleux au sein de la société belge. Cette loi, présentée comme une avancée dans la protection des consommateurs et la prévention des comportements de jeu problématiques, soulève cependant de vives critiques de la part des acteurs de l’industrie et des défenseurs des droits des joueurs.
L’une des mesures phares de cette loi est l’interdiction de la publicité pour les jeux de hasard, à l’exception de la Loterie Nationale, entreprise publique jouissant d’un traitement de faveur. Cette disposition, saluée par certains comme un pas vers une société moins dépendante des jeux d’argent, est critiquée par d’autres pour son manque de discernement. En effet, elle ne fait pas de distinction entre les opérateurs légaux et illégaux, risquant ainsi d’encourager le recours à des plateformes non réglementées.
L’Association Professionnelle Belge des Opérateurs de Jeux Privés (BAGO) a exprimé à maintes reprises ses préoccupations quant à cette interdiction totale de la publicité. Selon eux, elle pourrait pousser les joueurs vers des sites illégaux, où les protections en matière de jeu responsable sont souvent inexistantes. Une enquête réalisée par l’agence de recherche NEPA pour le compte de BAGO confirme ces craintes, révélant qu’un Belge sur cinq a déjà joué sur un site illégal, avec un pourcentage encore plus élevé parmi les joueurs les plus vulnérables.
Outre l’interdiction de la publicité, la nouvelle loi impose également une restriction dite stricte de cumul, obligeant les joueurs à ouvrir un compte distinct pour chaque type de jeu de hasard auquel ils souhaitent participer avec le même opérateur. Cette mesure, censée renforcer la transparence et la surveillance des comportements de jeu, est vivement contestée par les opérateurs, qui estiment qu’elle compromettra leurs efforts en matière de prévention des jeux problématiques.
En effet, cette restriction complique non seulement la gestion des comptes pour les joueurs, mais elle rend également plus difficile la surveillance et l’identification des comportements à risque par les opérateurs. Le devoir de diligence, instauré par les opérateurs eux-mêmes pour développer des outils de surveillance préventive, est ainsi remis en question, compromettant ainsi les efforts de l’industrie pour promouvoir le jeu responsable.
Loterie nationale, opérateur privilégié des jeux de hasard
Par ailleurs, il est frappant de constater que la Loterie Nationale, opérateur public, bénéficie d’un traitement de faveur dans cette nouvelle loi, échappant à certaines des mesures les plus contraignantes imposées aux opérateurs privés. Cette disparité de traitement soulève des questions sur l’équité et l’efficacité de la réglementation dans le secteur des jeux de hasard en Belgique.
En conclusion, si la nouvelle loi sur les jeux de hasard en Belgique vise à renforcer la protection des joueurs et à prévenir les comportements de jeu problématiques, elle soulève également des préoccupations quant à son impact réel et à son application équitable. Il est impératif que le gouvernement prenne en compte les préoccupations légitimes des acteurs de l’industrie et des défenseurs des droits des joueurs, et adopte une approche fondée sur des preuves pour réglementer efficacement ce secteur sensible.